Présente-toi en quelques mots…
Je suis une grande romantique, mais aussi une belliqueuse. J’ai fait mille métiers.
J’ai pratiqué le piano, le chant lyrique, j’ai commencé à écrire un roman… j’ai toujours mille projets en tête. Enfant, je voulais être journaliste, mais souvent rabaissée à l’école, j’étais considérée comme nulle. À 14 ans, on m’a dit que j’étais arrivée au summum de mes capacités… Ça m’a donné une impulsion de vie et d’envies supplémentaire. Mon père est artiste, musicien parolier, et ma mère était secrétaire dans un cabinet d’avocat. C’était une créative brimée qui avait une force incroyable, elle m’a légué tout ça.
J’ai commencé ma vie professionnelle en tant que chargée de production dans la culture et l’événementiel à Paris, ensuite j’ai entamé une formation en architecture intérieure et pendant dix ans, j’ai travaillé sur le festival d’Avignon. Un jour, j’ai décidé de fuir Paris et je me suis installée à Marseille. C’était en 2016.
J’ai adopté cette ville qui m’a adoptée en retour, et je suis très fière d’avoir créé les Fabricoleuses ici et fière de développer désormais ce projet dans d’autres grandes villes, en commençant par Paris.
Quelle était ton idée de départ ?
J’ai toujours rêvé d’être peintre en décors de cinéma. Un jour, j’ai voulu repeindre mon cafoutch et j’ai eu une révélation. Sans formation, en autodidacte, j’ai alors commencé à travailler sur un gros chantier comme stagiaire et j’y ai rencontré un artisan qui était surpris et ravi de voir une femme peintre. Il m’a appris le métier et j’ai ensuite lancé Cooleurs Cerise, mon entreprise de peinture que j’ai voulue inclusive, ce qui veut dire que je privilégie les femmes pour les stages et les embauches, sans pour autant exclure les hommes. J’ai aujourd’hui deux associés
dans cette affaire : Pascale Claire qui est économiste de la construction et Julien Parandero qui dirige une entreprise tous corps d’état.
Et les Fabricoleuses ?
Les Fabricoleuses, c’est un collectif que j’ai créé en 2021 et qui aujourd’hui est devenu une vaste plateforme de mise en réseau. Mon objectif, c’était de féminiser les métiers pour atteindre la parité dans le secteur de la construction, du bâtiment et de la décoration. Je me suis dit que travailler toutes ensemble, créer un véritable réseau, solide avec de la visibilité, c’était le seul moyen de faire changer les choses. Puis le collectif a pris de l’ampleur et le projet s’est élargi avec la mise en place récente d’un réseau en ligne, les-fabricoleuses.com. Il s’agit d’une plateforme digitale, une sorte de « Linkedin du bâtiment au féminin ».
Le réseau des Fabricoleuses est associatif et inclusif. Il met en avant des profils féminins – indépendantes, intermittentes, salariées avec les clients, entreprises artisanales, PME… – pour les mettre en relation avec des clients. Tous les adhérents et adhérentes signent une charte où ils s’engagent à participer à la féminisation du bâtiment en prenant des stagiaires, des apprenties, en parrainant des actions ou des personnes. Les Fabricoleuses ont un rôle en matière d’insertion, d’accompagnement à la reconversion et de sensibilisation auprès du jeune public pour susciter des vocations dans des métiers mal connus et en général considérés comme masculins.
C’est également un incubateur pour des projets. Pour soutenir ce réseau, j’ai créé une association : Fabuleuses Fabricoleuses, portée par 9 femmes et 7 hommes.
Les Fabricoleuses ont-elles un lieu ?
Oui, en novembre 2023, j’ai ouvert la Maison des Fabricoleuses, située dans le passage des Folies Bergères, à côté du passage de Lorette. C’est un endroit protéiforme, insolite, de 250 mètres carrés sur trois niveaux dans lesquels on trouve un showroom et une matérieauthèque.
Une fois par mois, nous organisons des petits déjeuners rencontres auxquels une vingtaine de personnes sont invitées, avec des profils différents, l’idée étant de faire se rencontrer des clients, des artisans, des artisanes, des curieuses, des marraines, des parrains, des gens qui cherchent des bricoleuses et bricoleurs de confiance… Deux jours et demi par semaine, une permanence est ouverte pour l’insertion et la reconversion et tous les samedis matins, nous proposons des
ateliers bricolages.
Les Fabricoleuses, c’est un mouvement féministe ?
Non. C’est un mouvement adelphiste. Le terme adelphité, plus neutre et surtout plus inclusif, regroupe à la fois la fraternité et la sororité, sans dimension ni mention genrée. Femmes, hommes ou personnes non-binaires, nous sommes tous solidaires dans nos projets, tous portés par l’envie de développer la mixité dans le secteur du bâtiment.
www.facebook.com/lesfabricoleuses/
les-fabricoleuses.com
Cerise nous conseille d’aller découvrir la boutique Oh! Mirettes, au 19, rue des Trois Rois dans le 6e, espace dédié à l’illustration et au dessin créé par Mélanie Pichinoty et Elsa Bouville.