Pour Cécile Trousseau-Petche, Benoît Liotard et Benjamin Denjean, co-fondateurs du Paysan Urbain à Marseille, c’est une évidence. Née en 2018 à Paris, l’association repose sur ce principe simple : se servir de la culture de micro-pousses en milieu urbain comme un support d’insertion.
Micro-pousses, la quintessence du végétal
Les micro-pousses, qu’est-ce que c’est ? Bien connues des restaurants gastronomiques, ces plantes sont les premières double-feuilles de la graine. On les appelle aussi des cotylédons (souvenez-vous de vos cours de sciences naturelles !) et elles apparaissent 7 à 30 jours après la germination des graines. Si on les nomme « micro-pousses », c’est qu’elles ne dépassent pas 8 centimètres… et pourtant, elles présentent l’avantage d’être extrêmement riches en vitamines, sels minéraux, antioxydants dans des proportions 10 à 40 fois supérieures à celles de la plante mature. Leurs propriétés sont incroyables, leur goût est plus concentré, leur texture plus croquante et elles sont peu caloriques. Autre avantage : elles ne poussent pas en pleine terre, leur technique de production requiert par conséquent peu de substrat et d’espace. C’est ce qui a intéressé le Paysan Urbain. « Cultiver sur du stabilisé n’a aucun impact environnemental » explique Benjamin Denjean qui ajoute que le modèle se prête donc parfaitement à une agriculture urbaine. Et de fait, c’est en pleine ville, au cœur du 13e arrondissement de Marseille, dans les jardins du Cloître, que Le Paysan Urbain a installé sa micro-ferme. Ancien couvent des sœurs de la Visitation aujourd’hui propriété de la Fondation des apprentis d’Auteuil, Le Cloître est désormais un haut lieu de l’économie sociale et solidaire. De nombreux entrepreneurs sociaux y développent une belle activité d’insertion professionnelle, Le Paysan Urbain y a installé sa micro-ferme agroécologique sur deux hectares.
Restaurer le lien à l’alimentation
« L’alimentation est le principal moyen de reconnexion entre les citoyens et citoyennes et leur environnement, nous en sommes persuadés ». C’est donc par la culture de micro-végétaux aromatiques que Le Paysan Urbain propose de rétablir l’harmonie entre les activités humaines et la nature. « Nous avons développé une solution économiquement viable et socialement responsable, pleinement inscrite sur notre territoire. » L’action est méritoire, l’idée novatrice. Et les institutions suivent et signent : La région Sud, pôle Emploi, la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, le ministère du travail sont des soutiens solides de ce projet pas comme les autres. « La culture de micro-pousse n’occupe qu’une proportion infime de l’ensemble des terrains dont nous disposons, le reste constitue une réserve foncière précieuse pour le vivant. » Ce vivant, l’association s’applique à le préserver et à le faire connaître par des chantiers d’insertion et des visites de sensibilisation à l’environnement et à l’alimentation saine et durable, les deux volets de son activité.
Se reconstruire les mains dans la terre
Au sein de la micro-ferme du Paysan Urbain, des femmes et des hommes en mal d’emploi réapprennent à être utiles. « Nous sommes persuadés que tout peut s’apprendre, par n’importe qui » affirme Benjamin, qui joue le rôle de responsable pédagogique à la ferme et revendique cette activité sociale, bien au-delà de la dimension agricole. Les premiers à profiter de cette activité vertueuse et pédagogique sont les quartiers prioritaires de la ville. Leurs habitants sont sensibilisés par ce biais à la biodiversité et à la thématique alimentaire. Scolaires, associations, collectivités, salariés d’entreprises, personnes en marge du monde de l’emploi… Chacun peut ici trouver sa place le temps d’un atelier, d’une formation, d’un séminaire ou d’une visite du jardin pédagogique. « La personne et ses qualités sont remis au centre du lien alimentation-ville par l’activité agricole, c’est là le cœur de notre action. »