Les barquettes de Marseille, le Coco de Fanny
Vous connaissez sûrement les pointus, ces petits bateaux discrets mais robustes que l’on trouve traditionnellement en Méditerranée depuis le XVIIIe siècle. On les appelle aussi « barquettes » et s’ils étaient à l’origine utilisés pour la pêche professionnelle, ils font aujourd’hui le bonheur des plaisanciers. Le pointu de Fanny fait partie des quelque 500 barquettes recensées par la commission « Patrimoine, culture et bateaux de tradition » de l’Office de la Mer. Construit en 1969 à Carqueiranne sous le nom de Scorpion III, ce charmant petit pointu a appartenu à l’association Boud’mer pendant quelques années avant d’être récupéré par Fanny qui décide de lui donner une seconde vie sous le nom de Coco. La passation a lieu en 2018. Coco passe alors deux ans sur le chantier naval Borg dans l’anse du Pharo. Vernis, peinture, remise en état, Fanny met la main à la pâte, équipe la coque d’un moteur, fait fabriquer la sellerie du bateau sur mesure par l’artisane Jill Devaux puis prend des cours de voile, devient skippeuse. En mars 2020, elle met Coco à l’eau. Pour lui, elle imagine alors une nouvelle vie. Pour elle aussi.
Sur l’eau toute l’année
« Je travaillais dans un bureau, j’ai complètement changé de cap. » Entrepreneuse déterminée à faire revivre son Coco labellisé Bateau d’intérêt Patrimonial, Fanny déborde d’idées. La première, c’est de repenser le rapport à la mer. « Sur le Vieux-Port, deux tiers des bateaux de plaisance sortent moins de 30 jours par an. Ils connaissent trois mois d’activité intense et puis plus rien. Moi, je veux pouvoir sortir été comme hiver, sous la pluie comme par beau temps. » En fonction des saisons et des envies de ses passagers, Fanny – alias Capitaine Coco – multiplie les propositions destinées aux touristes comme aux locaux. Partager un apéro au coucher du soleil, savourer un dîner étoilé, bruncher en mer, organiser un déjeuner d’affaire, vivre les oursinades depuis la mer, percer les mystères du plancton, expérimenter un shooting photo sur l’eau… Capitaine Coco n’est jamais à court de propositions, quelle que soit la saison, avec toujours en toile de fond l’écologie, la protection de l’environnement et l’idée de partage d’une passion.
La mer pour tous
Son action, Fanny la veut inclusive et solidaire. Elle s’adresse en priorité aux Marseillais et Marseillaises qui n’ont que rarement l’occasion de voir la mer. Elle réserve une journée par mois aux associations et structures sociales pour permettre à des profils bien spécifiques de se confronter à ses vagues. Centres sociaux et foyers en profitent pour envoyer leurs publics faire connaissance avec Coco. Initiatrice de « Marseille vue de la mer » et actrice majeure de nombreux événements marins, Fanny a également participé à l’organisation de la Parade solidaire organisé par l’Office de la mer en juillet 2022. Pourquoi cette volonté d’associer mer et solidarité ? « Parce que la navigation est une joie simple, qui guérit. Je veux partager cette expérience de voir Marseille depuis la mer avec ceux qui ont le moins d’opportunités de le faire. Je veux aussi, par exemple, aider les rescapés à retrouver confiance en mer en les faisant naviguer. »
Capitaine Coco s’engage donc, toujours avec générosité. Les petits curieux sont aussi les bienvenus lors des sorties « Pêcher l’invisible » que Fanny organise avec Anjelika Solé, biologiste et guide-conférencière qui les invite à découvrir la vie marine et sous-marine. Capitaine Coco participe également au protocole de recherche du projet “Vigie plancton” visant à récolter les datas de la biodiversité des eaux de Marseille à des fins scientifiques.
Des idées plein la tête, qu’il pleuve ou qu’il vente, Fanny traverse donc le Vieux-Port, engagée et volontaire, confiante, sereine et toujours souriante.
Fanny nous invite à nous intéresser à Hind Gaigi et à son association Les Canoubières, dédiée à la voile au féminin
