La famille choisie
À sa création, en 2013, l’association MUST comptait 15 membres. Dix ans plus tard, elle a plus de 600 adhérents. C’est ce qu’on appelle une réussite. Public ciblé : les minorités LGBTQ+ pour lesquel.les la pratique d’un sport n’est pas toujours évidente dans les structures habituelles. « Trop de gens restent encore chez eux de peur d’être jugés pour ce qu’ils sont, pour leur orientation sexuelle. » confie Julien. « Beaucoup d’entre nous ont des souvenirs douloureux des séances de sport au collège ou au lycée. On n’osait pas se changer dans les vestiaires par peur de se prendre des remarques. Ce sont des expériences qui laissent des traces. »
Au sein des ateliers sportifs proposés par MUST, les participantes et participants sont entouré.es de gens qui présentent des caractéristiques communes. Tout est fait pour qu’ils et elles se sentent en confiance. Bienveillance et solidarité sont de mise. « Dans la communauté LGBTQ+, on parle souvent de « famille choisie ». Pour moi, la famille choisie, c’est MUST, j’espère que c’est le cas pour de nombreux autres adhérents. Ici, on n’a pas à se justifier. Nos ateliers sont des « safe spaces » dans lesquels on doit pouvoir se sentir en sécurité. »
Une inclusivité revendiquée
Pas de bureaux physiques pour cette association bien réelle, mais des gymnases mis à disposition par la ville pour permettre la pratique des 18 sports que propose la structure. Danse, foot, basket, badminton, pétanque, roller, volley, randonnée, tennis (et même jeux de société !) le choix est large. Chaque activité est prise en charge par un référent bénévole. « Tout fonctionne grâce à l’implication des adhérentes et adhérents et des 20 administrateurs et administratrices dont je fais partie. Nous fonctionnons en complémentarité pour faire vivre cette association et prôner ses valeurs. » Au catalogue de MUST, de nouvelles disciplines apparaissent régulièrement, cette année : des sorties mensuelles en VTT et la pratique de la boxe anglaise. Le prix de l’adhésion est volontairement très bas (25 euros maximum), toujours pour répondre à l’impératif d’inclure le plus grand nombre, quel que soit le profil. « Bien sûr, nous avons parmi nos adhérents une majorité de membres qui revendiquent leur appartenance à la communauté LGBTQ+, mais pas seulement. Si cette association se dit inclusive, elle doit l’être jusqu’au bout et ne refuser personne. » L’ouverture d’esprit est donc de mise. Tout le monde est ici le bienvenu, et ce quel que soit son niveau sportif. Chaque discipline propose un créneau « loisir » et un autre avec un niveau plus avancé. L’association participe à des compétitions locales et nationales : le marathon Marseille-Cassis, la Marseillaise de la Pétanque, le TIP de Paris, le Tigaly à Lyon, mais aussi internationales comme les Gay Games. Des liens sont également tissés avec d’autres clubs, d’autres villes. Tous les ans, avec les clubs de sports de Lyon, est organisé le tournoi le GSM (Gay Sport Med) et une fois par semaine, des cours d’athlétisme sont proposés conjointement avec une association LGBTQ+ pionnière à Marseille, les FrontRunners.
Aller plus loin
Julien, lui, a entendu parler de MUST à son arrivée à Marseille il y a quatre ans, sur les réseaux sociaux. Il s’est rapproché de l’association pour pratiquer l’athlétisme,. « J’ai traversé des phases compliquées, me remettre au sport m’a fait un bien fou. Je me suis investi à fond dans MUST et je veux aujourd’hui rendre ce que l’association m’a donné. Une association comme MUST, ça permet à ces gens un peu isolés, et moi le premier, de se sentir moins seul, de retrouver un groupe de pairs. » Au sein des activités MUST, la bienveillance et l’entraide sont de mise. On ne laisse personne sur la touche. En adhérant à l’association, chaque membre adhère également à la charte MUST et aux valeurs qu’elle prône : respect de l’identité de chacun, lutte contre les discriminations, solidarité, engagement associatif. Les référents de chaque discipline ont pour rôle de vérifier que l’état d’esprit est bien respecté. Et puis, MUST, ce n’est pas que du sport, ce sont aussi des partages d’idées. « Quand nos adhérents ont des initiatives constructives, on essaie d’en faire quelque chose. » Exemple avec cette initiative née d’une adhérente spécialisée dans le droit des migrants et le droit d’asile et qui a sensibilisé l’équipe administrative au problème des migrants mis en danger dans leur pays d’origine à cause de leur orientation sexuelle non-tolérée. « C’est anecdotique et c’est peut-être une goutte d’eau, mais nous avons signé plusieurs attestations pour expliquer cet état de fait pour appuyer la demande d’asile de certains de nos adhérents menacés. » Cet esprit solidaire, ce dynamisme, ce plaisir à aller vers l’autre, Julien est heureux de le faire vivre dans l’association. « S’occuper des autres, ça fait un bien monumental ! »
Julien nous conseille de nous intéresser à l’association La fièvre.
