Théâtre et solidarité
Tout commence autour d’une discussion informelle avec le père Thomas, prêtre de Marseille responsable de la pastorale des jeunes. Trois amis férus de théâtre – David Malartre, Théophile Mohr-Durdez et Thomas Callies – interpellent le prêtre avec une question pour le moins inattendue : « Et si on organisait un festival de théâtre en plein air dans le plus bel endroit de Marseille ? » Très emballé par le projet, l’homme d’église leur propose de rencontrer le père Spinoza, recteur du sanctuaire de Notre-Dame de la Garde. Passionné de théâtre, celui-ci se montre également très enthousiaste mais pose une condition : « Le festival doit avoir une dimension provençale dans sa programmation ! » Le marché rapidement accepté, la joyeuse équipe s’est aussitôt mise en marche pour créer le premier festival de théâtre de Notre-Dame de la Garde. Pour David, il était important de créer un événement culturel ouvert à tous les Marseillais avec un objectif non lucratif : tous les bénéfices sont en effet reversés à l’association Simon de Cyrène de Marseille, lieu de vie et d’accueil pour les handicapés et personnes valides.
La plus belle scène de la ville
Pour sa première édition, le festival a frappé fort : sa marraine est la comédienne Cyrielle Clair, ex-pensionnaire de la Comédie-Française. Une chance pour David et ses amis qui n’avaient jamais monté d’événements auparavant et qui ont dû s’improviser organisateurs d’un festival. « On n’y connaissait rien à l’organisation d’événements culturels. Beaucoup de gens nous ont tendu la main. C’est notre naïveté qui nous as aidés ! ». Au programme de cette première édition 2023 : quatre soirées de théâtre en plein air sur la plus belle scène de la ville : l’esplanade de Notre-Dame de la Garde. Première de la liste, Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik, véritable temps fort du festival, rend hommage au compte de Monte Cristo. Le metteur en scène était lui-même très touché à l’idée de voir jouer sa pièce sur les hauteurs de Notre-Dame de la Garde avec une vue directe et imprenable sur le château d’If. Deuxième pièce au programme : la pièce Naïs du mythique Marcel Pagnol – adaptation relativement méconnue d’une nouvelle d’Émile Zola dont Pagnol a fait un film. De grands noms qui placent l’événement sous les meilleurs auspices et ont permis aux spectateurs de vivre des moments uniques. « Voir du Pagnol à Notre Dame de la Garde est quelque chose de puissant, c’était un moment suspendu, un moment d’éternité. »
Des cieux déchaînés
Sacrée déveine ou déveine sacrée… le soir du lancement du festival, un orage s’est abattu sur la basilique et le spectacle a bien failli être annulé. Le régisseur de la troupe du Porteur d’Histoire, bien décidé à jouer quel que soit le temps, a lancé un défi ultime à l’équipe : « Vous me trouvez deux spots et deux enceintes et ce soir ça joue ! » Un énorme branle-bas de combat s’est mis en place et -miracle ultime – la pluie s’est arrêtée aussi brutalement qu’elle était apparue. Des gabians se sont immiscés dans la pièce, pour le plus grand amusement du public, hilare, et à 22 heures, les cloches ont sonné en pleine représentation. Un spectacle de plein air, vivant, vibrant, riche en surprises et qui s’est clôturé par un discours touchant de Cyrielle Clair. La comédienne l’a affirmé haut et fort : « Un festival qui se monte est une bénédiction. »
Pour la jeune équipe organisatrice, cette première est un pari réussi. Rendez-vous est pris en 2024 pour une nouvelle édition pleine de promesses.
Le festival de théâtre de Notre Dame de la Garde