La belle aventure

Les canoubières : Prendre confiance au fil de l’eau

« Canoubier » est le nom de la balise cardinale ouest de l’entrée du Vieux-Port de Marseille. Cette appellation bien connue des vrais Marseillais, Hind Gaigi l’a féminisée pour la transformer en « Canoubières ». Ce faisant, elle a aussi féminisé la navigation, car Les Canoubières est le nom de son association dont l’objectif est de mettre les femmes à la mer et à la barre.

La navigation au féminin

En 2018, lorsque Hind crée Les Canoubières, son idée est de donner la possibilité à des femmes de découvrir la mer et ses plaisirs. Pour cette banlieusarde qui a grandi à Créteil et découvert la navigation sur un lac artificiel sous la houlette des CRS, la Méditerranée était un rêve. Elle y vit désormais depuis 16 ans et en a fait son terrain de jeu. Avec Fanny de Capitaine Coco et Julien de Boud’mer, Hind a créé en 2021 le collectif « Marseille vu de la mer » pour « démocratiser l’accès à la mer et permettre au plus grand nombre d’accéder à ce qui constitue la moitié du territoire marseillais : l’eau ». Avec Les Canoubières, Hind continue de surfer sur cette idée en donnant la priorité aux femmes qui ne vont jamais sur mer. Au sein des Canoubières, elles apprennent bien plus que les bases de la navigation. « Il ne s’agit pas d’une école de voile. Celles qui habitent Marseille et n’ont pourtant jamais eu l’occasion de se retrouver sur l’eau peuvent ici se rencontrer, parler, partager des émotions fortes et apprendre. » Et cet apprentissage passe par la rencontre avec l’autre et la mise en pratique solidaire, bien plus que par la théorie. Sorties en mer pour les loisirs, entraînements à la course et régates font partie des activités principales des Canoubières. Échanges, partages d’expériences et discussions au fil de l’eau sont aussi au programme avec pour ambition de faire monter en compétences les néo-navigatrices… sans en avoir l’air.

 

Sur terre et en mer

Sur terre, il y a les apéros pour présenter l’association, pour donner envie aux terriennes de voir si elles ont le pied marin. Il y a aussi les débats pour réfléchir à la place des femmes sur l’eau, les temps d’échanges et les soirées thématiques qui donnent l’occasion de rencontrer des expertes et experts de la discipline et de découvrir les secrets de leur réussite. En mer, il y a la transmission des gestes ancestraux, l’apprentissage des bases de la navigation, la découverte des manœuvres et des règles de sécurité en milieu marin. Ensemble, les femmes apprennent à vivre dans un espace réduit le temps d’une sortie. Puis seules à bord, elles apprennent la navigation en autonomie. Elles se jettent littéralement à l’eau. En se surpassant, elles se découvrent ou se retrouvent. Et celles qui le souhaitent participent aux plus belles régates de la rade : challenge Florence Arthaud, challenge de l’Estaque, mais aussi aux Voiles de Saint-Tropez ou encore à la régate 100% féminine WLS Trophy.

 

La métaphore qu’Hind a choisi de filer, celle de la voile, est belle. Sortie après sortie, des femmes sortent la tête de l’eau, se remettent à flot, apprennent à mener leur barque. Les Canoubières comptent aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents, pratiquants, sympathisants. Et bien entendu, si elles sont prioritaires, les hommes sont également les bienvenus. C’est simple et beau à la fois. Évident et nécessaire.

Hing Gaigi nous recommande de nous intéresser à Salim Grabsi et à son association Le Sel de la vie.

https://lescanoubieres.fr